Pour encourager la végétalisation de l’habitat privé sur le territoire métropolitain, la Métropole de Lyon a mis en place en 2022 un dispositif d’aide financière à la végétalisation des espaces résidentiels collectifs des copropriétés et bailleurs sociaux. Dans ce cadre, Arthropologia et le CAUE Rhône-Métropole ont été missionnés pour apporter une expertise croisée écologue/paysagiste et un conseil aux copropriétés et bailleurs sociaux qui souhaitent en bénéficier.
Pour encourager la végétalisation de l’habitat privé sur le territoire métropolitain, la Métropole de Lyon a mis en place en 2022 un dispositif d’aide financière à la végétalisation des espaces résidentiels collectifs des copropriétés et bailleurs sociaux. Dans ce cadre, Arthropologia et le CAUE Rhône-Métropole ont été missionnés pour apporter une expertise croisée écologue/paysagiste et un conseil aux copropriétés et bailleurs sociaux qui souhaitent en bénéficier.
L’objectif est d’accompagner les porteurs de projets pour aboutir à une végétalisation qui réponde au mieux à des enjeux transversaux :
améliorer le cadre de vie et le paysage,
contribuer à la résilience des espaces verts urbains,
atténuer les effets du changement climatique,
accueillir et favoriser la biodiversité,
préserver et valoriser la ressource en eau.
Accompagnement des projets de végétalisation dans les copropriétés
Plus de 70 % de la végétation de la Métropole de Lyon est située dans le domaine privé. Forme dominante de logement, les copropriétés et autres habitats collectifs constituent la majeure partie des espaces verts de la Métropole. Souvent peu investis, réduits à une vocation ornementale, entretenus « par habitude » dans une logique de maintien à l’identique de l’aménagement initial, leur potentiel d’accueil du vivant (faune, flore mais aussi résidents) est rarement exploité.
Un des premiers objectifs de cet accompagnement CAUE / Arthropologia est justement d’aider les résidents à se projeter sur un autre modèle d’espace vert, de les inviter à changer d’imaginaire et à repenser collectivement les aménagements et leur gestion. Notre démarche d’accompagnement se veut transversale et adaptée à chaque cas, avec un appui technique essentiel pour traduire les intentions des résidents en demandes claires pour l’entreprise du paysage qui réalise les plantations ou l’entretien.
Concrètement cet accompagnement suit plusieurs étapes, de la conception d’un projet à sa réalisation :
Un état des lieux naturaliste et paysager, pour donner un regard d’ensemble et faire prendre du recul vis-à-vis de l’espace vert et des pratiques d’entretien quotidiennes.
Des orientations de projet, pour formaliser des intentions adaptées aux usages et aux caractéristiques paysagères et écologiques du site.
Un accompagnement technique jusqu’à la concrétisation, pour bien planter et adapter les pratiques d’entretien.
En pratique, notre accompagnement peut prendre différentes formes :
rendez-vous court lors d’une permanence mensuelle,
visite de site,
rédaction de synthèses ou de notes d’enjeux,
animation d’ateliers de concertation, d’action de sensibilisation ou intervention en AG ou auprès du Conseil syndical,
rencontre avec l’entreprise du paysage en phase de préparation ou suivi de chantier, etc.
Une vision des espaces verts collectifs « propres et entretenus » parfois difficile à dépasser, avec beaucoup d’idées reçues autour des besoins des végétaux et de la présence de nature sur le lieu de vie.
Un manque de connaissances autour du vivant et des dynamiques du végétal (fonctionnement et besoins physiologiques, rôles pour la biodiversité, dépérissements et enjeux de sécurité autour du patrimoine arboré…), de la part des résidents mais aussi parfois de la part des entreprises du paysage.
Sur les copropriétés, la nécessité de convaincre la majorité pour que le projet aboutisse peut ralentir sa réalisation.
Pour répondre à ces difficultés, nous mettons en œuvre plusieurs types d’action :
Beaucoup de pédagogie pour montrer que le modèle « classique » appliqués aux espaces verts ces dernières décennies s’avère aujourd’hui peu résilient face au climat changeant, avec un déclin marqué du patrimoine végétal, rarement renouvelé au cours des ans ou alors souvent à l’identique.
Montrer des références, des exemples concrets, pour aider à se projeter sur de nouveaux imaginaires et rassurer.
Expliquer et sensibiliser pour faire prendre conscience que les pratiques d’entretien intensives sont souvent à l’origine du dépérissement prématuré du patrimoine végétal, et que les pratiques de plantation nécessitent d’évoluer (place du spontané, âge des végétaux plantés, densités de plantation, travail du sol, arrosage, paillage, protection).
Faire monter en compétence des entreprises du paysage sur les enjeux autour de la gestion différenciée, du recours à des végétaux locaux, de la prise en compte des usages, des dynamiques naturelles, etc. pourrait permettre à celles-ci d’être davantage forces de proposition et d’être un moteur du changement dans la gestion des espaces verts privés.
Depuis Janvier 2022 jusqu’à mai 2025 : plus de 130 résidences sur l’ensemble de la Métropole de Lyon ont été rencontrées, dont 117 reçues en « Point Conseil » (permanence mensuelle) et 35 qui ont fait l’objet d’une visite et d’un diagnostic de terrain.
Les projets mettent du temps à se concrétiser (notamment à cause d'un passage obligatoire au vote en Assemblée générale pour pouvoir bénéficier de l’aide financière), mais aboutissent dans l’ensemble. Sur une trentaine de réponses à une enquête de suivi début 2025, seules deux copropriétés ont rapporté un abandon du projet. Les autres sont soit réalisés, soit toujours en cours.
L’aide financière (remboursement partiel) constitue une incitation efficace et une occasion de sensibiliser à de nouvelles manières d’aménager et de gérer des porteurs de projets intéressés initialement uniquement par l’aspect pécunier.
Le positionnement en tant d’experts externes fournissant un conseil « désintéressé » est apprécié et recherché, y compris pour toucher des personnes moins convaincues dans la résidence.
La réussite du projet (et le respect des objectifs en termes de cadre de vie / eau / climat / biodiversité) repose en grande partie sur la volonté, les connaissances et les compétences des entreprises du paysage. Les consulter en amont de la mise en œuvre d’un tel dispositif, et les impliquer tout au long de la vie du dispositif, est essentiel.
De la même manière, la promotion du recours à des végétaux indigènes nécessite la structuration en conséquence du réseau de producteurs de « Végétal local » ; ces acteurs sont à impliquer au moment de définir les objectifs aussi bien quantitatifs que qualitatifs d’un tel dispositif financier.