Illustration d'un hôtel à insecte
©Rémi Chabert
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Faut-il installer un hôtel à insectes ?

Les hôtels à insectes peuvent apparaître comme une bonne idée, dans son jardin ou sur son balcon, pour pallier le manque d’habitats ou comme outils de sensibilisation à l’environnement. Mais ce n’est pas toujours le cas…

Avec leurs différents espaces supposés accueillir de nombreuses espèces, les hôtels à insectes sont souvent considérés comme des aménagements utiles aux insectes et pertinents comme support pédagogique. Même avec une conception et des matériaux adaptés, ils sont en réalité peu efficaces pour la biodiversité et leur potentiel pédagogique reste confus ou mal compris.

Ils permettent en effet d’observer des espèces communes peu exigeantes déjà installées aux alentours (osmies cornues ou rousses par exemple). Or, ces espèces utilisent naturellement toutes sortes de cavités présentes dans notre environnement

  • tas de bois,
  • arbres morts,
  • tas de pierre,
  • monticules de terre.

Les hôtels à insectes peuvent également représenter un facteur de risque supplémentaire pour les populations d’insectesLeur conception souvent inadaptée (ex : trous supérieurs à 8 mm) les rend en effet peu utiles ou majoritairement investis par des espèces exotiques envahissantes1 comme la Megachile sculpturalis. Pas agressive envers les humains, elle est très territoriale et chasse volontiers tout compétiteur potentiel des nids à proximité, ce qui diminue fortement le succès reproducteur des abeilles sauvages. En été, lors de la construction de ses nids, elle désopercule ainsi les nids des autres espèces, en vide le contenu (larves et ressources) pour s’installer à leur place.

Lorsqu’ils sont occupés, les hôtels à insectes favorisent une concentration anormalement élevée d’espèces habituellement solitaires, ce qui facilite la prédation, le parasitisme et la transmission de maladies. En outre, ils ne répondent pas aux besoins complexes et variés nécessaires à l’accomplissement de l’ensemble des cycles de vie des insectes.

Le caractère pédagogique des hôtels à insectes prête quant à lui à débat. S’ils ont longtemps été une porte d’entrée contribuant à faire prendre conscience de l’existence des insectes et de leur importance, ils ne se suffisent pas à eux-mêmes

Les recommandations qui les accompagnent parfois sont généralement peu suivies, notamment les conseils en végétalisation ou la diversification des habitats et micro-habitats, et par ailleurs rarement connues du public.

 

(1) Benoît Geslin, Sophie Gachet, Magali Deschamps-Cottin, Floriane Flacher, Benjamin Ignace, Corentin Knoploch, Éric Meineri, Christine Robles, Lise Ropars, Lucie Schurr, Violette Le Féon « Bee hotels host a high abundance of exotic bees in an urban context », Acta Oecologica, vol. 105,‎ mai 2020

Alors que faire ?

 

Le meilleur moyen de répondre aux besoins complexes des insectes est de laisser en place des habitats qui se créent naturellement, mais aussi de fournir des habitats et micro-habitats variés : tas de bois, arbre mort, tas de pierre, terre à nue, litière de feuilles mortes, haies, prairies, milieux humides…

Ces “chambres d’hôtes” sont préférables aux hôtels à insectes, et peuvent constituer d’excellents supports pédagogiques.

La véritable fonction d’un “hôtel à insectes” est l’observation : il rend visible une infime partie des espèces d’insectes présentes aux alentours. Il est donc préférable de fabriquer de petits éléments, comme des observatoires à osmies vitrés.

 

Illustration d'un habitat varié pour les insectes pollinisateurs

©Rémi Chabert_CC BY NC SA 4.0

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