Dans les jardins, les campagnes et au cœur des forêts, un service essentiel est rendu chaque jour : celui de la pollinisation. Ce processus naturel repose largement sur les insectes pollinisateurs. Qui sont-ils ? Pourquoi leur rôle est-il essentiel ?
Lorsqu’on évoque les pollinisateurs, l’abeille domestique vient immédiatement à l’esprit. Seule espèce à faire du miel en France métropolitaine, l’abeille domestique (Apis mellifera) a été domestiquée il y a plusieurs milliers d’années (7 000 à 10 000 ans) pour ses productions de miel, gelée royale, cire, pollen, propolis ou venin. Cependant, elle ne représente qu’une espèce d'abeilles parmi près de 1000 autres en France métropolitaine, plus de 2130 en Europe, plus de 20 000 dans le monde !
Les abeilles peuvent être :
Les différentes espèces d’abeilles sauvages nichent dans différents milieux selon leurs besoins : tiges creuses ou à moelle tendre, bois mort. La majorité (plus de 70 %) creuse des galeries dans les sols sablonneux, marneux, tassés, pentus… D’autres espèces vont utiliser des matériaux comme les tiges creuses ou à moelle tendre ou encore le bois mort
Et ce n’est pas tout : toutes ces espèces d’abeilles sont loin d’être les seuls insectes contribuant à la pollinisation !
Tout insecte floricole, donc se nourrissant dans les fleurs, est susceptible de transporter du pollen et d’assurer une part de la fonction de pollinisation. En France métropolitaine, cela concernerait au moins 20 000 à 25 000 espèces d’insectes jouant ce rôle crucial, avec une efficacité pollinisatrice variable selon les espèces.
Si les pollinisateurs sont essentiellement des insectes, d’autres animaux peuvent jouer un rôle dans la pollinisation comme certaines chauve-souris, lézards ou oiseaux, mais uniquement dans les DROM-COM en ce qui concerne la France.
Trichodes alvearius (Clairon) ©Rémi Chabert_CC BY NC SA 4.0
Un insecte est un animal sans vertèbres, appartenant à la famille des arthropodes – un mot d’origine grecque qui signifie littéralement « pieds articulés ». Son corps est composé de trois parties : la tête, le thorax et l’abdomen. Il possède trois paires de pattes, et une ou deux paires d'ailes lorsqu'elles sont existantes, fixées au thorax.
Parmi ces milliers d’insectes floricoles, on compte une grande diversité d'insectes pollinisateurs répartis au sein de quatre ordres principaux :
Deux paires d’ailes membraneuses accrochées en vol ? Vous êtes sûrement face à un hyménoptère. On compte près de 10 000 espèces de France métropolitaines, qui sont presque toutes floricoles à l’âge adulte. On y retrouve les fameuses abeilles, les guêpes, les fourmis, les ichneumons, les tenthrèdes…
Andrena cineraria ©Hugues Mouret
En France métropolitaine, on connaît près de 40 000 espèces d’insectes, réparties en 24 d’ordres. Un ordre est un ensemble d’espèces qui présente des liens étroits de parenté phylogénétique, visibles dans leurs caractères morphologiques. Par exemple, les moustiques, mouches et syrphes font partie de l’ordre des diptères.
Saviez-vous que de nombreuses familles de mouches, moustiques et moucherons contribuaient à la pollinisation ? Ils font partie de l’ordre des diptères (qui n’a qu’une paire d’ailes fonctionnelles). Près de 10 000 espèces vivent en France, et presque tous les adultes sont également floricoles. Cet ordre comprend aussi les syrphes, ces mouches qui “imitent les hyménoptères” pour se protéger des prédateurs et qui comptent environ 550 espèces dans leurs rangs en France.
Diptère ©Alexandre Turpain_CC BY NC SA 4.0
Les lépidoptères (ou papillons), disposent de quatre ailes recouvertes d’écailles. On dénombre près de 5 700 espèces en France, dont presque tous les adultes sont encore floricoles. D’ailleurs, savez-vous comment distinguer un papillon de jour des papillons de nuit ? Même si cela peut paraître contre-intuitif, l’alternance jour/nuit n’a pas de rapport. Les 272 espèces de papillons de jour possèdent des antennes en forme de massues (Rhopalocères). Les 5 500 espèces de papillons de nuit, eux, présentent des antennes différentes (Hétérocères), filiformes, plumeuses ou claviformes. 95 % des papillons sont donc classés parmi des papillons de nuit, même si certains volent de jour !
Gonepteryx (Citron) ©Alexandre Turpain_CC BY NC SA 4.0
Les coléoptères possèdent deux paires d’ailes : la première est dure et coriacée, ce sont les élytres, qui constituent un étui protégeant la seconde paire membraneuse, ainsi que l’abdomen. Près de 12 000 espèces coexistent en France : scarabées, cantharides, méloés, mordéllides, clérides...
Lepture porte-coeur (Leptura cordigera, Cerambycidae) sur une fleur d’origan (Origanum vulgare) © Hugues Mouret
D’autres ordres d'insectes se nourrissent également dans les fleurs et peuvent ainsi participer au transport des grains de pollen. C'est par exemple le cas des hémiptères (punaises), des névroptères (chrysopes), ou des dermaptères (perce-oreilles)...
Sans pollinisateur, café, cacao, pommes, fraises, courges, melons ou encore bananes n’existeraient pas ! En effet, pour obtenir un fruit, l’ovule d’une plante doit être fécondée. Et c’est là justement qu’intervient le principe de la pollinisation : le transport d’un grain de pollen (porteur des gamètes mâles des plantes) d’une étamine vers un pistil (organe femelle). La pollinisation est le préalable à la fécondation et donc à la reproduction sexuée des plantes. Si elle peut être assurée par le vent (notamment chez les graminées, dont les céréales, les conifères…) ou l’eau, ce sont bien les insectes pollinisateurs qui en assurent la quasi-totalité. Près de 90 % des plantes sauvages et 75 % des plantes cultivées dépendent de la pollinisation par les insectes. En Europe, ce sont même 84 % des cultures qui dépendent de la pollinisation par les insectes.
Si la pollinisation joue un rôle indispensable pour les écosystèmes et dans notre production alimentaire, assurer ce service écosystémique n’est bien sûr pas l’objectif des pollinisateurs. C’est en recherchant de quoi se nourrir ou nourrir leurs larves pour les abeilles (nectar, pollen), un abri ou un partenaire que les adultes pollinisent involontairement.
Les services écosystémiques sont les bénéfices que les humains retirent des écosystèmes, sans avoir à agir.
Les insectes pollinisateurs ont des exigences variées en matière d’habitat et de nourriture. Certains, comme les abeilles charpentières, nichent dans le bois mort, tandis que d’autres préfèrent les tiges creuses ou le sol sablonneux. Hormis chez les abeilles, les larves et les adultes ont également des régimes alimentaires différents, renforçant l’importance de préserver une diversité d’habitats et de ressources florales.
C’est cette diversité qui est essentielle à la pollinisation et donc au bon fonctionnement des écosystèmes. Mieux connaître et mieux comprendre cette diversité, c’est savoir comment mieux agir pour la préserver, en prenant en compte les multiples menaces auxquels les pollinisateurs sont confrontés (pollutions, perte d’habitat, manque de nourriture…).
1.Base de données de traits de vie PatriNat (https://taxref.mnhn.fr/taxref-web/accueil) - travail en cours piloté par Arthropologia
2.3.4.idem