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Pourquoi les pollinisateurs sont-ils en danger ?

Changement d’usage des terres avec la destruction et le morcellement des habitats, artificialisation des sols, pollutions, espèces exotiques envahissantes, changement climatique, surexploitation des ressources… Les causes de l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs sont multiples. Il est donc essentiel de bien les comprendre, pour agir en conséquence. 

La destruction et le morcellement des habitats 

L’urbanisation et l’expansion agricole ont entraîné la disparition massive des habitats naturels des pollinisateurs. Depuis 1910, la France a perdu plus d’1,5 millions de km de haies, tandis que plus des deux tiers des zones humides ont été asséchées en 100 ans. Entre 20 000 à 30 000 hectares de terres sont artificialisés, soit environ 5 mètres carrés par seconde. Ces destructions entraînent une destruction et une fragmentation des habitats des pollinisateurs, limitant leurs possibilités de reproduction et favorisant une érosion génétique. La perte d’habitats favorables et la fragmentation causées par la conversion des sols est l’un des principaux facteurs du déclin des pollinisateurs. 

 
 
1,5 millions de km de haies arrachées depuis 1910

La pollution des milieux 

Scaeva pyrastri

Scaeva pyrastri_©Bérénice Givord-Coupeau_CC BY NC SA 4.0

L’agriculture intensive et l’utilisation des pesticides (herbicides, insecticides et fongicides…) constitue l’une des causes du déclin de la biodiversité et donc des pollinisateurs1. Ces substances ont des effets directs et indirects : elles peuvent provoquer la mort des insectes, mais aussi altérer leur reproduction, leur orientation et leur comportement. Chaque année en France, plus de 66 000 tonnes de pesticides sont vendues. En 2019, plus de 40 % des eaux de surface et 34 % des masses d'eau souterraines sont affectées par des pollutions diffuses incluant les nitrates et les pesticides issus d'agriculture.      

En plus de polluer l’air, les pesticides, comme les autres contaminants chimiques, s’infiltrent dans les sols et les cours d’eau et se retrouvent dans notre organisme. Néfastes pour les humains, ils ont également des conséquences dramatiques sur certaines espèces végétales, fongiques ou animales, comme les pollinisateurs2, dont dépendent, au moins en partie, les 3/4 des plantes cultivées les plus productives au monde. 

D’après une étude publiée en 20193, un tiers des espèces d’insectes ont déjà disparu en seulement 10 ans, et jusqu’à 78 % des individus (soit près de 8 insectes sur 10). En cause, l’intensification des pratiques agricoles (pesticides, engrais de synthèse, etc.).

 

La pollution sous toutes ses formes

De nombreuses autres pollutions affectent les pollinisateurs :

  • Pollutions de l’air et des sols : les émissions de gaz, les particules fines et les substances toxiques émises par ex par l’industrie ou le trafic routier altèrent également la qualité de l’air, des sols et de l’eau.
  • Pollution lumineuse1/3 des habitants de la planète et 60 % des Européens ne voient plus la Voie lactée en raison de l’excès d’éclairage artificiel. Or, 64 % des invertébrés sont nocturnes, et la lumière perturbe leur orientation, leur reproduction et leur repos, les rendant aussi plus vulnérables aux prédateurs.
  • Pollution sonore : émission de nombreux sons qui perturbent la communication des animaux que ce soit dans l’air ou dans l’eau (en 2020, lors de la crise COVID, les oiseaux se sont plus reproduits).
  • Pollution olfactive : émission de nombreuses substances odorantes qui perturbent la communication (olfactive et phéromonale) des animaux.

En savoir plus sur la Trame noire 

 En savoir plus sur la pollution lumineuse

La surexploitation des ressources et les espèces exotiques envahissantes

La surexploitation de certains milieux naturels induit la disparition des plantes sauvages et la raréfaction des haies et des prairies sauvages, privant les pollinisateurs de ressources florales et d’espaces de reproduction. Parallèlement, les parasites et les espèces exotiques envahissantes, introduits par le commerce et le transport de marchandises et de plantes entre les continents fragilisent les populations locales en créant une compétition pour les ressources et en transmettant de nouvelles maladies.

En savoir plus sur les espèces exotiques envahissantes

Le changement climatique

Le changement climatique affecte aussi les pollinisateurs en modifiant les périodes de floraison, en provoquant des événements climatiques extrêmes (canicules, sécheresse, pluies torrentielles), et en perturbant la synchronisation entre les plantes et les insectes. Certaines espèces de pollinisateurs ne parviennent pas à s’adapter à ces changements rapides, entraînant une réduction importante de l’abondance (effectifs) puis une disparition progressive des populations et des espèces.

 

En savoir plus sur le changement climatique

Une action combinée des menaces

Les facteurs à l’origine du déclin des pollinisateurs n’agissent pas isolément. Bien que les interactions entre ces menaces restent encore peu documentées, plusieurs études suggèrent qu’elles peuvent agir en synergie, rendant leurs effets d’autant plus nocifs et difficiles à anticiper3 Par exemple, il a été démontré4 qu’une exposition à des produits phytosanitaires rendait les abeilles domestiques plus sensibles à l’impact négatif d’un pathogène invasif, augmentant ainsi leur mortalité.

 

Comment inverser la tendance ?

Pour enrayer la disparition des insectes pollinisateurs et de la biodiversité plus globalement, il est      capital d’agir et d’inverser les causes identifiées :

  • Protection et restauration des habitats naturels (haies, prairies fleuries, zones humides)      
  • Transition vers une agriculture plus durable et diversifiée     
  • Réduction de l’utilisation des pesticides et promotion des alternatives non chimiques
  • Lutte contre les pollutions industrielles, domestiques et lumineuses          
  • Adaptation aux changements climatiques en favorisant des paysages plus diversifiés et  résilients 

Consulter le rapport d'évaluation de l’IPBES sur les pollinisateurs

 

1.Haynes, K. F. (1988). Sublethal effects of neurotoxic insecticides on insect behavior. Annual review of entomology, 33(1), 149-168.

2.Seibold S. et al., « Arthropod decline in grasslands and forests is associated with landscape-level drivers”, Nature, Octobre 2019)

3.Goulson, D., Nicholls, E., Botías, C. & Rotheray, E. L. (2015). Bee declines driven by combined stress from parasites, pesticides, and lack of flowers. Science, 347(6229), 1255957.

4.Aufauvre, J., Biron, D. G., Vidau, C., Fontbonne, R., Roudel, M., Diogon, M., Viguès, B., Belzunces, L. P., Delbac, F. & Blot, N. (2012). Parasite-insecticide interactions: a case study of Nosema ceranae and fipronil synergy on honeybee. Scientific reports, 2(1), 326.

 

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